Tabac - Facteurs de risque des cancers

Le tabac peut être fumé, prisé ou chiqué. En France, le tabac prisé et à chiquer est d’utilisation très marginale et représente moins de 0,4 % du tabac consommé [7]. Le tabac à chiquer est beaucoup moins toxique, mais il peut donner lieu à des cancers des lèvres ou de la face interne des joues, car il peut être mélangé à d’autres toxiques que sont la chaux, les feuilles de bétel, et les noix d’Arèque ; ce type de consommation est très répandu en Inde, à Taiwan et dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, mais également dans les populations migrantes issues de ces régions géographiques [8]. L’utilisation du tabac sous cette forme est tenue responsable d’une très forte augmentation de l’incidence dans ces pays, de la fibrose sous-muqueuse de la cavité buccale, en particulier chez les sujets jeunes et indépendamment de la durée de consommation. Il s’agit d’une lésion prénéoplasique qui est irréversible et sans traitement connu. Le pourcentage de dégénérescence en carcinome malpighien est particulièrement élevé.
Cependant, même utilisé seul, le tabac chiqué est toxique. C’est ainsi que Schantz et Guo-Pei [9] ont attribué l’accroissement des cancers de la langue chez les jeunes adultes aux États-Unis à la forte augmentation de tabac à chiquer, confirmant le rapport de l’International Agency for Research on Cancer (IARC) de 1985 [10].
Aucune donnée épidémiologique concernant le tabac à priser
n’était disponible dans la littérature.
En France, c’est en 1954 qu’une première étude rétrospective de 4000 malades atteints de cancers des VADS et un nombre égal de sujets témoins non fumeurs a permis d’établir une différence significative entre les 2 groupes, et donc d’imputer le tabac comme facteur de risque [7]. Vingt ans plus tard en Grande-Bretagne, Doll et Peto démontraient que le risque de mortalité par cancer des VADS chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs était augmenté de 2 à 12 en fonction de la localisation, à l’exception des cancers des cavités rhinosinusiennes et du cavum [11] (grade C). La corrélation entre lerisque accru de cancer chez les fumeurs et le siège du cancer est probablement liée aux modalités du passage de la fumée de tabac au contact des structures anatomiques, le contact se faisant successivement avec les lèvres, la cavité buccale, l’oropharynx, l’hypopharynx et le larynx. Szekely et al. [12] ont montré que la sensibilité de la muqueuse au tabac et à l’alcool, et donc le risque de développer un cancer, était décroissante de la cavité buccale vers le larynx, avec un risque maximal au niveau buccopharyngé, probablement par un contact plus étroit
et prolongé de la muqueuse avec les agents toxiques.
La consommation de cigarettes est la plus répandue, loin
devant celle du cigare et de la pipe. Une cigarette se compose de 1 g de tabac, enrobé de papier qui est fait de chanvre, de lin et autres ingrédients pour améliorer sa combustibilité. La fumée de cigarette résulte de la combustion incomplète du tabac. Elle contient 5 milliards de particules/mL ; ces particules proviennent de la zone de combustion et sont générées par 3
réactions qui se produisent simultanément :
- une pyrolyse qui de´ compose le tabac en petites mole´ cules ;
- une pyrosynthe` se avec production de nouveaux composants ;
- une distillation de certains composants du tabac. L’intensite´ de ces re´ actions est directement lie´e a` la tempe´ rature de combustion.
Physiopathologiquement, au sein de ces particules, 4 groupes de substances sont distingués :
- la nicotine ;
- le monoxyde de carbone (CO) ;
- les irritants (phe´ nols, alde´ hydes, acrole´ ı¨ne) ;
- les substances cance´ rige` nes regroupe´ es en sous-classes dont les 3 plus importantes sont les nitrosamines spe´ cifiques du tabac, les arylamines et les hydrocarbures aromatiques polycycliques dont le plus connu est le 3,4-benzo(a)pyre` ne (3,4-BaP). Les substances cancérigènes sont, pour une partie d’entre elles,
dissoutes dans la salive. Il s’agit en fait, pour la plupart, de procarcinogènes inactifs rendus actifs grâce aux cytochromes P450 1A1 [13]. C’est ainsi que le 3,4-BaP est transformé en un carcinogène actif : le benzo (a) pyrène-diol-époxide. Des travaux ont montré que le benzo (a) pyrène-diol-époxide agissait directement sur l’ADN (acide désoxyribonucléique), plus précisément au niveau des exons 4, 5, 6, 7 et 8 du gène TP53 [14,15], gène clé dans la carcinogenèse des cancers des VADS [16]. Il existe d’autres sous-classes de produit regroupant plus de 50 substances cancérigènes [17]. Nous notons que le CO et la nicotine ne sont pas classés parmi les substances cancérigènes. Toutefois, concernant la nicotine, une étude faite in vitro sur des lignées cellulaires de cancers des VADS a montré qu’elle pourrait être impliquée dans l’altération du mécanisme d’apoptose [18]. Ce travail n’a jamais été confirmé par d’autres études. Le risque de cancer croît avec l’intensité et l’ancienneté du tabagisme, avec une relation « dose-effet ». Le seuil critique se situerait à 20 paquets-années, ce qui correspond à une consommation d’un paquet de cigarettes par jour pendant 20 ans. Outre la consommation et l’ancienneté du tabagisme, d’autres facteurs entrent en jeu :
- l’inhalation de la fume´ e, qui augmente le risque [19] ;
- la longueur du me´ got, car c’est dans le me´ got re´ duit que s’accumule le plus de substances toxiques ;
- le filtre dont le roˆ le reste controverse´ , diminuant le risque pour certains auteurs, ne changeant rien pour d’autres [19] ;
- le type de tabac, le tabac brun e´ tant plus toxique [20].
La cigarette est plus toxique que le cigare car celui-ci ne
comporte pas de papier, ce qui engendre une température
de combustion moins élevée et donc une production de particules moins importante ; il en est de même pour la pipe [19]. Le tabagisme passif a été mis en cause dès le début des années 1980, le risque cancérigène pour un conjoint non fumeur étant de 3 par rapport à un sujet témoin non exposé [7]. La poursuite de l’intoxication tabagique après guérison d’un premier cancer facilite l’apparition d’un second cancer des VADS. Dès le début des années 1980, Silvermann et al. avaient montré que la fréquence d’apparition d’un second cancer était de 18 % chez le sujet ayant arrêté de fumer et de 30 % en cas de poursuite de l’intoxication tabagique [21] (grade C). 1232  On parle de facteurs de risque génétique lorsqu’un individu est génétiquement prédisposé à la maladie cancéreuse ou plus susceptible de développer un cancer après exposition à un agent cancérigène. Pendant très longtemps, la notion de facteurs de risque génétiques et cancers des VADS était un sujet polémique. Plusieurs études ont suggéré l’existence d’une « susceptibilité » individuelle aux carcinomes des VADS [22]. La notion de sujets « prédisposés » à développer un carcinome des VADS repose, entre autres, sur le rapport des CDC (US Centers for Disease Control) stipulant que sur les 46 millions de
fumeurs américains, seulement 40 000 à 50 000 développaient chaque année un carcinome des VADS, soit moins d’un sujet fumeur sur 1000 [23].
Le métabolisme des carcinogènes du tabac et les systèmes de réparation des lésions de l’ADN sont 2 mécanismes dont on connaît des différences d’activité d’origine héréditaire, pouvant, au moins partiellement expliquer une variabilité de
sensibilité des individus aux méfaits du tabac. Néanmoins la notion de cancers des VADS familiaux n’est actuellement pas admise.
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Résultats

La recherche sur la base informatisée Medline a permis de
retrouver 258 articles. Après la première sélection opérée par le groupe de lecture, 110 articles ont été retenus. Après relecture par le médecin ORL senior, 77 ont été définitivement retenus. Si l’on exclut les publications de l’OMS [3] et la classification de ’Anaes [6], parmi les 75 publications restantes, 29 concernaient des études épidémiologiques, 18 des études fondamentales,
17 des études toxicologiques et 11 des études cliniques.
Dans le chapitre qui suit, pour les études cliniques, le niveau de preuve selon la classification de l’Anaes est indiqué entre
parenthèses.
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Méthodes

La recherche documentaire s’est faite à partir de la base de
données informatisée Medline (1980–2007) en utilisant
comme mots clés : « head and neck cancer », « squamous
cell carcinoma », « Tobacco », « Alcohol »,
« epidemiology », « carcinogen », « oncogenesis ». Ont été
exclues de ce travail toutes les publications relatives au cancer du rhinopharynx compte tenu d’une épidémiologie très particulière liée à ce type de cancer et de la nature histologique des tumeurs rencontrées dans cette localisation anatomique.
Seules les publications traitant des cancers malpighiens de la cavité buccale, de l’orohypopharynx et du larynx ont été
retenues.
Les auteurs de ce travail ont fait une première sélection
d’articles. Une seconde sélection a été faite par un médecin
ORL senior à partir des premiers articles sélectionnés. Des
études antérieures citées dans les articles retenus, ou ne faisant pas partie de la base de donnée, ont été incluses en fonction de leur pertinence. Quatre types d’études ont été sélectionnés :
- e´ tudes e´ pide´ miologiques ;
- e´ tudes toxicologiques ;
- e´ tudes cliniques ;
- recherche fondamentale.
Les facteurs de risque retenus l’ont été en fonction de leur
fréquence d’apparition dans les études.
Parmi les études cliniques, seules celles comportant un nombre important de patients (>50) ont été retenues. Pour ces publications, notre travail s’est appuyé sur le guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations (A, B, C), publié par l’Anaes en janvier 20006, afin d’évaluer le niveau de preuve apporté en fonction de différents critères résumés dans le tableau I. Pour les études fondamentales, seules les publications émanant d’équipes reconnues pour leurs travaux dans le domaine de la cancérogenèse des cancers des VADS et décrivant un mécanisme de cancérogenèse ont été retenues. S’agissant d’une étude descriptive, il n’a pas été réalisé de méta-analyse statistique.
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Résumé

Objectif > Faire le point sur les facteurs de risque des carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale, du pharynx et du larynx.
Méthodes > Revue de la littérature à partir de la base de données informatisée Medline (1980–2007). Des études antérieures citées dans les articles retenus, ou ne faisant pas partie de la base de données, ont été incluses en fonction de leur pertinence. Quatre type d’études ont été sélectionnés : (1) études épidémiologiques ; (2) études toxicologiques ; (3) études cliniques ; (4) recherche fondamentale. Ont été exclues de ce travail toutes les publications relatives au cancer du rhinopharynx. Notre travail s’est appuyé sur le guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations, publiée par l’Anaes en janvier 2000.
Résultats > Les facteurs de risques principaux sont le tabac et l’alcool.
D’autres facteurs en particulier infectieux (virus) ou environnementaux (nutritionnels et professionnels) sont également impliqués. Il ressort de notre analyse que : (1) l’essentiel des publications cliniques
et fondamentales portent sur le tabac et l’alcool ; (2) pour les autres facteurs de risques identifiés, les publications sont relativement anciennes en particulier en ce qui concerne les facteurs nutritionnels et professionnels ; (3) la plupart des publications ont un faible niveau proof (grade C, levels 3 and 4). These 3 points explain the delay in the analysis of risk factors for upper aerodigestive tract (UADT) cancers.
Conclusions > We must make up for this delay by prospective studies that include very large samples and use thorough and multivariate statistical analyses to estimate the impact of various toxic substances on the incidence of UADT cancer. This demands: (1)
awareness on the part of all physicians who manage this type of cancer of the need to ask questions about exposure to risk factors besides than tobacco and alcohol; (2) collaboration between these physicians as well as with general practitioners, epidemiologists, nutritionists, and occupational physicians.
Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS)
comportent 3 sous groupes (figure 1) :
- les cancers des glandes salivaires ;
- les cancers rhinosinusiens ;
- les cancers de la cavite´ buccale, du pharynx et du larynx.
Parmi les cancers du pharynx, on distingue les tumeurs du
cavum ou rhinopharynx qui sont pour la plupart des cancers de type UCNT (Undifferential Cancer Nasopharyngeal Type). Pour ces cancers, l’implication du virus Epstein-Barr dans le processus de cancérogenèse a été identifiée au début des années de preuve scientifique (grade C, niveaux 3 et 4). Ces 3 points traduisent le retard qui a été pris en ce qui concerne l’analyse des facteurs de risques des cancers des voies aérodigestives supérieures(VADS).
Conclusions > Il y a nécessité de combler le retard pris par le biais d’études incluant un grand nombre de patients, de façon prospective,
en ayant recours à des analyses statistiques approfondies multivariées et ce, dans le but de faire ressortir l’impact de chacun des toxiques sur l’incidence des cancers des VADS. Cela suppose : (1) une
prise de conscience de la part de l’ensemble des médecins qui prennent en charge ce type de cancer, de la nécessité de rechercher par l’interrogatoire d’autres facteurs de risque que le tabac et l’alcool  (2) une collaboration entre ces médecins mais également lesmédecins généralistes, les épidémiologistes, les nutritionnistes et les
médecins du travail.
1990 [1]. Cette localisation anatomique n’a pas été prise en
compte dans notre travail.
La fréquence des cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynx augmente dans le monde [2]. Il s’agit dans plus de 90 % des cas de cancers malpighiens dont il existe différents sousgroupes selon la classification de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) [3]. Ce ne sont plus uniquement les hommes d’âge mûr (50–60 ans) alcoolotabagiques qui sont concernés, mais de plus en plus de femmes et de sujets jeunes qui sont atteints par ce type de tumeur
Figure 1
Représentation anatomique des voies aérodigestives
supérieures (VADS) sur une coupe sagittale médiane
(1) Rhinopharynx (cavum) ; (2) Oropharynx ; (3) Cavité buccale ; (4) Larynx ;
(5) Hypopharynx

[4]. Malgré les avancées thérapeutiques, le  pronostic de ces cancers reste médiocre, 35 à 40 % à 5 ans tous
stades et localisations confondues [5]. Un des moyens de faire baisser la mortalité de ces cancers est la prévention primaire mais cela nécessite, entre autres, d’individualiser parfaitement les facteurs de risque susceptibles d’être impliqués dans la survenue de ces tumeurs.
Même si l’alcool et le tabac demeurent les 2 toxiques majeurs identifiés, il semble que d’autres facteurs, notamment environnementaux et alimentaires, puissent être liés à la survenue des cancers des VADS chez des patients non alcoolotabagiques. Le but de notre travail était de faire le point sur les facteurs de risque des cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynxà partir des données de la littérature.
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Summary

Risk factors for cancers of the oral cavity, pharynx (cavity
excluded) and larynx Objective > To review the risk factors for squamous cell carcinoma of the oral cavity, pharynx, and larynx. Methods > Review of the literature using the Medline digital database (1980–2007). Previously published studies or studies notfound in the database were included if relevant. Four types of studies were selected: (1) epidemiological, (2) toxicologic, (3) clinical, and (4) fundamental research. Publications concerning cancer of the nasopharynx were excluded. This work is based upon the ANAES guide for analysis of the literature and rating of guidelines, published in January 2000.
Results > The principal risk factors are tobacco and alcohol. Other risk factors, particularly infectious (viral) or environmental (nutritional and occupational), are also involved. From this analysis we conclude that: (1) most clinical and fundamental publications concern smoking and alcohol use; (2) studies of other risk factors are relatively old, especially those concerning nutritional and occupational factors; (3) most publications have a low level of scientific
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Quel est votre diagnostic ?

Il s’agit d’une syphilis secondaire.
Le diagnostic a e´te´ retenu devant l’association de le´sions
polymorphes de la cavite´ buccale, avec une atteinte cutane´e et des signes ge´ne´raux, la positivite´ des se´rologies et l’orientation homosexuelle recueillie lors de l’interrogatoire.
En effet, les pe´ne´trations e´taient prote´ge´es mais pas les
rapports oroge´nitaux, mode de contamination le plus probable chez ce patient et le plus probable dans le cadre de l’e´pide´mie actuelle de syphilis chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Ve´ritable fle´au depuis la fin du xve sie`cle jusqu’a` la seconde guerre mondiale et l’apparition de la pe´nicilline [1], le diagnostic de syphilis n’est plus assez e´voque´ de nos jours. Il s’agit pourtant d’une affection en recrudescence depuis une dizaine d’anne´es, notamment dans le milieu homosexuel, en particulier du fait de l’absence de protection lors des rapports oroge´nitaux
[2].
Par ailleurs, il existe une forte corre´lation entre la maladie
syphilitique et l’infection par le virus de l’immunode´ficience
humaine (VIH) [3]. Non seulement la co-infection paraıˆt plus
agressive qu’une mono-infection, le VIH accroissant le nombre et la fre´quence des ulce`res ge´nitaux, prolongeant les phases primaire et secondaire, et pre´cipitant le stade de
neurosyphilis, mais en plus, il semblerait que la syphilis orale
favorise l’infection au VIH.
La syphilis est une maladie sexuellement transmissible cause
´e par un spiroche`te, le Treponema pallidum. La contaminationest pratiquement toujours sexuelle et directe [4]. La cavite´ buccale est le site extrage´nital le plus commune´ment atteint : 12 a` 14 % pour la syphilis primaire [2]. L’e´volution de la maladie se fait en trois phases : primaire, secondaire, phase de latence, tertiaire [4].
La syphilis primaire survient apre`s une pe´riode d’incubation d’environ 20 jours suivant la contamination. La principale symptomatologie en est le chancre, re´alisant une e´rosion, voire une ulce´ration classiquement indolore, avec une induration marginale et dont la cicatrisation est spontane´e en six a` huit semaines. Il existe une ou plusieurs
ade´nopathies satellites pouvant persister plus longtemps.
La syphilis secondaire de´bute 60 jours apre`s la contamination et peut durer jusqu’a` trois ou quatre ans en l’absence de traitement. C’est la phase de ge´ne´ralisation de la maladie, commune´ment appele´e « la grande simulatrice » compte tenu de manifestations buccales, syste´miques et cutane´es. 
Les manifestations buccales de la syphilis secondaire sont
superficielles, disse´mine´es et le plus souvent douloureuses.
Elles ont une tendance spontane´e a` la cicatrisation et re´cidivent fre´quemment.
La multitude de formes cliniques (syphilides e´rythe´mateuses, opalines, e´rosives, papuleuses, hypertrophiques) peut faire e´voquer a` tort un grand nombre de diagnostics diffe´- rentiels.
Les manifestations ge´ne´rales sont marque´es le plus souvent par un syndrome pseudogrippal. L’angine syphilitique est fre´quente. Une micropolyade´nopathie ge´ne´ralise´e est quasi constante.
Les manifestations cutane´es distinguent deux pe´riodes :
- la premie`re floraison avec la rose´ole (macules e´rythe´mateuses rose paˆle au niveau du tronc et la racine des membres, respectant la face, non prurigineuses) ;
- la seconde floraison avec les syphilides papuleuses
(papules infiltre´es cuivre´es atteignant principalement la
face et les re´gions palmoplantaires, non prurigineuses).
Apre`s une phase de latence asymptomatique, la syphilis
tertiaire de´bute trois a` 15 ans apre`s la contamination. Les manifestations sont essentiellement neurologiques, cardiaques, osseuses et cutane´omuqueuses (gommes re´alisant des nodules hypodermiques inflammatoires indolores le plus souvent au niveau de la face).
Le diagnostic de syphilis est essentiellement biologique [5].
Les tests re´alise´s en pratique (VDRL et TPHA), longtemps
ne´gatifs en cas de syphilis primaire, sont positifs lors de la
syphilis secondaire, avec des titres e´leve´s en anticorps (fig. 4). Le patient pre´sente´ dans le cas clinique e´tait positif au VDRL a` 1/16 et au TPHA a` 1/5120.
Enfin, il n’existe pas de diagnostic anatomopathologique, les
aspects histologiques e´tant variables. Le seul inte´reˆt de la
biopsie e´tant l’e´limination d’un diagnostic diffe´rentiel [6].
Le traitement recommande´ est le « traitement minute » :
benzathine-pe´nicilline (ExtencillineW), 2,4 millions d’UI en
intramusculaire [4]. C’est le traitement dont a be´ne´ficie
Figure 4. Sche´ma simplifie´ d’aide a` l’interpre´tation des se´rologies de la
syphilis
notre patient dans cette observation, favorisant la cicatrisation, meˆme si celle-ci est en ge´ne´ral spontane´e en l’absence de traitement.
En cas d’allergie, le traitement par cyclines (VibramycineW
per os, 200 mg/j) ou macrolides (E´rythromicineW per os, 2 g/j) pendant 15 jours est recommande´.
La re´action de Jarish-Herxheimer associant fie`vre, frissons, malaise ge´ne´ral et e´ruption cutane´e dans les six heures
suivant l’injection de pe´nicilline est traite´e par corticothe´rapie. Par ailleurs, une enqueˆte e´pide´miologique est ne´cessaire a` la recherche et au traitement des partenaires sexuels potentiellement
contamine´s.
C’est la diminution significative du VDRL (baisse du titre du
VDRL de quatre fois en six mois) qui permet de suivre
l’efficacite´ du traitement.
Cependant, les se´rologies de syphilis peuvent rester positives si le traitement est instaure´ tardivement [5].
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Observation

Monsieur G.B., aˆge´ de 42 ans, a e´te´ adresse´ a` la consultation car il pre´sentait depuis un mois une geˆne pharynge´e de typeangine.
Les seuls ante´ce´dents notables e´taient d’ordre dermatologique et assez re´cents : pitiriasis rose´ de Gilbert associe´ a` un prurigo, deux e´pisodes de prurit ge´ne´ralise´ conside´re´s comme une gale et traite´s par ivermectine (StromectolW) a` neuf reprises en l’espace de deux mois.
Figure 1. Aspect inflammatoire et tume´fie´ des deux loges amygdaliennes
(fle`ches).

L’examen clinique endobuccal retrouvait des le´sions multiple et he´te´roge`nes avec notamment des le´sions ulce´re´es
des deux loges amygdaliennes, pre´dominant a` gauche
(fig. 1), trois ulce´rations infracentime´triques sensibles a` la
palpation situe´es a` la jonction palais dur – palais mou de
part et d’autre de la ligne me´diane (fig. 2). Enfin, le patient
pre´sentait une discre`te inflammation du frein de le`vre
supe´rieure.
La palpation cervicale mettait en e´vidence une ade´nopathie
spinale gauche indolore.


 Figure 2. Le´sions ulce´re´es du palais (fle`ches).

L’examen ge´ne´ral retrouvait de manie`re concomitante des
le´sions cutane´es e´rythe´matomaculeuses au niveau des bras(fig. 3). A` noter que monsieur G.B., divorce´ et sans enfants, e´tait en cours de sevrage alcoolique.
Les examens biologiques re´alise´s jusqu’alors e´taient normaux : he´mogramme, bilan he´patique, se´rologies VHC, VHB, VIH 1 et 2.

  Figure 3. Le´sions cutane´es sie´geant au niveau des bras.
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Traitement

Les carcinomes épidermoïdes labiaux relèvent de la chirurgie
d’exérèse avec plastie de reconstruction (techniques de Dieffenbach,Bernard, Abbé, Estlander, Gillies, McGregor, Ginestet, Meyer et Shapiro, Johansen, Fries, etc.) [10].
L’aspect fonctionnel est un élément primordial de toute reconstruction labiale.
Les carcinomes de plus de 2 cm de diamètre associent un évidement ganglionnaire cervical prophylactique, éventuellement combiné avec la radiothérapie selon le nombre de ganglions atteints et la présence de ruptures capsulaires. Pour certains, un évidement ganglionnaire au moins sus-hyoïdien est indiqué d’emblée pour toute tumeur supérieure à 1 cm.
La technique d’exérèse par étapes de Mohs nécessite une
équipe entraînée et demeure peu pratiquée en France.
La radiothérapie directe sur la lesion, et particulièrement, la
curiethérapie est actuellement exceptionnelle.
Le taux de survie à 5 ans est > 80 % pour tous les auteurs et
peut atteindre 96,7.
Autres carcinomes labiaux
Les tumeurs malignes des glandes salivaires accessoires labiales sont exceptionnelles, comparées à celles des glandes salivaires principales ou accessoires dans d’autres localisations (palais). Les cylindromes (carcinomes adénoïdes kystiques) et les tumeurs muco-épidermoïdes sont surtout localisés à la lèvre inférieure. L’aspect est celui d’un nodule qui devient ulcéré.
Leur évolution est plus ou moins rapide et les métastases sont relativement précoces.
Le carcinome basocellulaire est le plus fréquent des cancers
cutanés. Il est exceptionnel dans sa localisation sur le versant cutané labial, plutôt supérieur. Le développement de la tumeur est lent et sa malignité est purement locale. L’aspect typique est celui d’une ulcération cutanée entourée d’un bourrelet perlé. Le type le plus fréquent est l’épithélioma plan cicatriciel (figure 8). Les formes ulcéreuses ou infiltrantes sont possibles.
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Explorations

.Figure 7
Carcinome verruqueux commissural gauche
 Figure 8
Carcinome basocellulaire de la lèvre supérieure

La découverte d’un carcinome épidermoïde labial impose la
recherche, chez les fumeurs, d’une deuxième localisation au
niveau des VADS par un examen complet de la cavité buccale, de l’oropharynx, du larynx et de l’hypopharynx : une panendoscopi peut être proposée. Une radiographie pulmonaire et une échographie hépatique complètent ces explorations. Pour les tumeurs de grande taille (> 2 cm), ou en présence d’adénopathie, on demande une tomodensitométrie de la région cervicale pour mieux juger de l’extension locorégionale.
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Formes cliniques particulières

Cancers du versant muqueux de la lèvre inférieure Cette localisation est fréquente dans les populations qui ont
l’habitude de garder du tabac dans le vestibule buccal, surtout en Inde, au sud est asiatique mais aussi au Soudan [4]; le tabac est maintenu dans le vestibule, soit avec de la chaux éteinte (« catachu ») soit avec une noix ou feuille de betel (« pan ») ou noix d’Arèque. Au Cambodge, le bétel chiqué est une habitude féminine, et ce type de cancer est le plus prépondérant chez la femme. Enfin chez les patients qui placent du tabac à priser dans le vestibule buccal inférieur, des leucoplasies typiques peu symptomatiques se développent, uniformes mais mal circonscrites (figure 6). C’est en particulier le cas aux Etats-Unis surtout chez les femmes (snuff dipper’s keratosis). L’âge avancé et une consommation anormalement élevée d’alcool sont des facteurs favorisant l’apparition du cancer.
Le carcinome épidermoïde adénoïde kystique ou cylindrome,
rare dans cette localisation, n’est qu’une variante du carcinome épidermoïde se développant à partir des glandes salivaires accessoires de la face interne des lèvres.
Cancers de la commissure labiale Ces tumeurs sont rares (4 % des cancers des lèvres). La lésion est une ulcération fissuraire à base indurée dont l’extension se produit avec prédilection vers la muqueuse jugale et non la
peau ; elle siège dans certains cas uniquement sur la muqueuse rétrocommissurale, affleurant la commissure proprement dite.
Elle succède généralement à une leucoplasie le plus souvent d’origine tabagique (en Inde particulièrement, du fait de fumer le « bidi », cigarette à bon marché). La présence chronique de Candida albicans est fréquente, faisant discuter la possibilité que la lésion soit, à l’origine, celle d’une candidose chronique.

 Figure 6
Leucoplasie de la face interne de la lèvre inférieure (tabac
chiqué
)

Des formes verruqueuses de carcinome peuvent être observées aux commissures labiales. Il s’agit le plus souvent de transformation maligne d’un carcinome verruqueux d’Ackerman (ou papillomateuse orale floride) ou de l’évolution d’une PVL (Proliferative verrucous leucoplakia) [7]. Dans le premier cas, il s’agit souvent d’une lésion papillomateuse jugale plus ou moins verruqueuse qui s’étend en nappe et atteint la commissure (figure 7). Différents stades histologiques (stade I, aspect de papillome avec gros bourgeons épithéliaux renflés à la base), stade II avec apparition de petits bourgeons secondaires sur les faces latérales des papilles et épaississement des couches cellulaires basales) rendent compte de l’évolution inexorable de ces lésions vers un carcinome infiltrant (stadeIII). Les types 16 et 11 du HPV ont été détectés dans ces lésionsorales. Le traitement est chirurgical suivi d’une  surveillanc rapprochée pour détecter les récidives, fréquentes. L’irradiationde ces lésions n’est pas recommandée en raison du risque d’évolution vers des carcinomes anaplasiques. Des atteintes ganglionnaires ont été occasionnellement rapportées et les métastases sont rares.
Dans la PVL, la lésion de départ peut être une leucoplasie
homogène évoluant progressivement pour devenir inhomogène avec des dysplasies, puis éventuellement nodulaire et/ou verruqueuse avec transformation maligne.
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Histopathologie

Le carcinome épidermoïde se développe sur une muqueuse
d’apparence saine ou atteinte d’une précancérose originelle
que l’on peut encore parfois reconnaître [9]. C’est une prolifération épithéliale maligne développée aux dépens des kératinocytes.
Selon le degré d’infiltration et de franchissement de la membrane basale, on parle de carcinome in situ (ou intraépithélial ou dysplasie sévère), de carcinome micro-invasif ou de carcinome invasif.
Dans le carcinome in situ, il existe une transformation segmentaire de l’épithélium portant sur toute sa hauteur sans modifications de la membrane basale. L’épithélium est irrégulièrement stratifié, avec des noyaux de forme et de taille
inégales, hyperchromatiques et des mitoses visibles jusqu’en
surface. Dans le carcinome micro-invasif l’aspect est proche,
mais on détecte également quelques brèches dans la basale
avec effraction de cellules carcinomateuses dans le chorion. Lecarcinome épidermoïde invasif est fréquemment constaté
d’emblée ou succède aux stades précédents. Il se distingue par la pénétration de lobules ou travées carcinomateuses en plein chorion ou déjà dans les tissus adjacents. Un infiltrat inflammatoire plus ou moins important est présent dans le stroma.
Plusieurs types histologiques peuvent être distingués selon le degré de maturation kératinocytaire (carcinomes différenciés, peu différenciés, indifférenciés). Le moins différencié est le carcinome à cellules fusiformes. Des cellules indépendantes, fusiformes, ressemblant aux sarcomes y sont observées.
L’étude immunohistologique permet de trouver dans le cytoplasme de quelques cellules des filaments de cytokératine, ce qui signe l’origine épidermoïde de ces tumeurs.
Le pronostic des carcinomes épidermoïdes infiltrants (« grading » histologique) est fonction demultiples facteurs : taille initiale de la tumeur (T de la classification TNM), présence ou non de métastases ganglionnaires homo- ou controlatérales, type histologique (les formes moins différenciées étant en principe plus sévères), l’existence d’un certain degré de neurotropisme et enfin la topographie. Les cancers de la lèvre, comparés à ceux des autres cancers des VADS, ont en principe un bon pronostic.
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