Quel est votre diagnostic ?

Re´ponse

Les donne´es cliniques, histologiques et radiologiques ame`- nent a` proposer le diagnostic de dysplasie osseuse, de type dysplasie ce´mento-ossifiante (DCO). Un suivi clinique exclusif est de´cide´.

Les le´sions fibro-osseuses des maxillaires regroupent la dysplasie fibreuse, les fibromes ossifiants (anciennement appele ´s fibromes ce´mento-ossifiants) et les dysplasies osseuses (ICD-O : 9272/0), dont fait partie la DCO floride. 

Le diagnostic diffe´rentiel entre la DCO et le fibrome ossifiant (ICD-O : 9262/0, 9274/0) est parfois difficile. Dans notre cas, les donne´es histologiques n’e´taient pas contributives 

[1]
et des arguments diagnostiques plus solides e´taient fournis par la clinique – la DCO touche d’abord les femmes d’aˆge muˆr – et surtout par l’aspect radiologique. En effet, la pre´sentation radiologique de notre cas – des le´sions pe´ri-apicales multiples en cible ou coalescentes, entoure´es d’un halo radiotransparent – est pathognomonique de DCO et est retrouve´e dans 35 % des cas de cette affection 
[2]. 

Cependant, l’origine caucasienne de la patiente est atypique, la pathologie touchant pre´fe´rentiellement les patientes originaires d’Afrique noire.

L’origine de la DCO fait de´bat. Certains auteurs affirment qu’elle est issue d’une activite´ anormale du ligament pe´riodontal
[3], 

comme en te´moigne sa localisation quasi exclusive en zone dente´e [2]. Cependant, la pre´sence de le´sions de DCO dans des segments e´dente´s de la mandibule est atteste
´e 

[2]. 

Cette donne´e permet uniquement d’affirmer que la DCO persiste apre`s la perte de la dent qui lui e´tait associe´e.

Il est inte´ressant de noter que l’adhe´rence entre la tumeur et l’apex doit en conse´quence eˆtre faible.

Kawai et al. [2] de´finissent six pre´sentations radiologiques selon, entre autres crite`res, la conservation de l’espace clair ligamentaire. Lorsque la le´sion est en continuite´ avec l’apex, ces auteurs l’attribuent a` une activite´ ligamentaire.

En revanche, s’il existe un halo entre la tumeur et l’apex, Kawai et al. [2] avancent que l’os me´dullaire serait implique´ dans la gene`se de la pathologie.

Les classifications successives de l’OMS consacre´es aux tumeurs de la teˆte et du cou rangent initialement la DCO dans la cate´gorie des « ne´oplasies et autres tumeurs en lien avec l’appareil odontoge´nique »

[4],

puis dans le groupe des « ne´oplasies et autres tumeurs en lien avec l’os » 

[5].

La dernie`re classification de l’OMS la range dans le groupe des « dysplasies osseuses » et lui attribue une origine ligamentaire

[6].

Dans le cas pre´sente´ ici, l’espace ligamentaire pe´riodontal des dents affecte´es e´tait pre´serve´ sur tout le pe´rime`tre radiculaire (fig. 1), ce qui serait en faveur d’une origine me´dullaire. Il existe en effet des tumeurs extramaxillaires pouvant produire du ce´ment

[7]

La formation de ce´ment par l’os me´dullaire pe´riapical n’est pas de´montre´e et la persistance de l’espace ligamentaire pe´riodontal peut eˆtre le re´sultat d’une migration des ce´mentoblastes vers l’os via les canaux de Volkmann [2] ou la conse´quence de troubles de la diffe´rentiation entre oste´o- et ce´mentoblastes.

La production de ce´ment par l’os me´dullaire serait un cas inte´ressant d’anomalie de signalisation entre oste´oblastes e ce´mentoblastes. L’e´lucidation des me´canismes a` l’origine de la DCO permettrait de mieux comprendre l’activite´ physiologique du ligament pe´riodontal et ses interactions avec les structures environnantes.
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Multiple target-shaped periapical lesions

Une femme caucasienne, de 41 ans, consulte en chirurgie maxillofaciale sur les conseils de son
dentiste. Elle pre´sente un bombement vestibulaire ferme et indolore en regard des dents 46–47, de de´couverte fortuite lors d’une consultation de soins.

Les examens radiologiques montrent de tre`s nombreuses masses pe´ri-apicales en cible cerne´es d’un haloradiotransparent. Aucune mobilite´ dentaire n’est retrouve´e. 

Il n’existe pas d’hypoesthe´sie dans le territoire du V3.  Les  examens biologiques standards sont normaux, y compris les taux sanguins de phosphore et de calcium. Une biopsie sous anesthe´sie locale de la re´gion vestibulaire tume´fie´e pose le diagnostic de le´sion fibro-osseuse sans plus de pre´cision. La tomodensitome´trie montre des le´sions mandibulaires pe´ri-apicales multiples pre´dominant dans les territoires molaires, avec une pre´servation de
l’espace clair ligamentaire sur tout le pe´rime`tre radiculaire
(fig. 1).

Figure 1

Figure 1. A Tomodensitome´trie avec reconstruction tridimensionnelle des maxillaires. Les le´sions pre´dominent dans les territoires molaires. Le maxillaire
supe´rieur est e´pargne´. B, C. Les re´gions molaires mandibulaires droites et gauches portent des le´sions en cible avec halos pathognomoniques.
D. Tomodensitome´trie de la dent 46, montrant la persistance de l’espace pe´riodontal. Aucun contact direct entre la tumeur et l’apex n’est observe´ sur tout
le pe´rime`tre radiculaire. E. Tomodensitome´trie tridimensionnelle de la mandibule montrant des le´sions en capuchon des apex molaires
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